leIl y a à peu près un an jour pour jour je tombais sur ce reportage inédit de la Famille (presque) Zéro Déchet sur Youtube. Jérémie et Bénédicte expliquaient, d’une manière tellement enjouée que ç’en devenait presque inspirant, comment ils avaient réussi à supprimer la poubelle de leur quotidien pour passer à un mode de consommation qu’ils nommaient « Zéro Déchet ».
C’est à partir de ce moment précis que j’ai vraiment entamé le processus de réflexion pour m’y mettre à mon tour. Constat après constat, discussion après discussion, débat après débat, recherche après recherche… Parce que c’est ce que tout passage à un mode de vie Zéro Déchet implique véritablement.
Tout a donc commencé avec des petits constats qui sont venus s’accumuler les uns aux autres au fil du temps :
- » Marre de ces poubelles qui disparaissent « mystérieusement » les mardis et vendredis quand on les abandonne sur le trottoir en bas de chez soi, faute de conteneurs trop pleins « .
- » Marre du Noel où l’on jette des mètres carrés de papiers cadeaux après avoir passé un après-midi à s’en servir pour emballer soigneusement des présents « .
- » Marre des barquettes en plastique pour emballer des fruits et légumes qui ont déjà une peau… comme si le travail de la nature ne suffisait pas, l’homme se donne pour mission d’enrubanner ces comestibles de produits issus du pétrole… C’est comme si tout devait être en plastique dans ce monde, on fait même désormais de l’herbe en plastique… C’est à se demander si bientôt on ne pourra pas à remplacer l’air que l’on respire par du plastique « .
Plus j’y réfléchissais, plus j’en discutais autour de moi, et plus je parvenais au constat qu’il me fallait un plan. Un plan d’action viable. Un plan qui me permettrait de changer mes habitudes de vie étape par étape. Dont le but ne serait Ni de me décourager, Ni de me contraindre. En fait, l’objectif c’était même de toujours trouver des solutions qui soient viables afin de produire le moins de déchets possibles et de conserver à terme ce nouveau mode de vie… pour toujours.
Je crois que le premier geste a été de me dire, à chaque fois que je m’approchais de la poubelle avec un produit à jeter, « Est-ce que cet objet est essentiel à ma vie ? ». Si la réponse était non, je ne le rachetais tout simplement pas. Puis c’est devenu « Est-ce que je peux trouver ça en vrac ? », si oui je trépignais de joie. Enfin ça a été « Est-ce que je peux faire ça moi-même à partir de produits achetés en vrac ? » et là-dessus internet fut mon ami le plus fidèle… parce que Oui, le Web regorge d’informations, de techniques, de recettes, de méthodes, c’est une mine d’or.
Je dirai qu’au tout début j’ai été très stricte sur mon mode de vie Zéro Déchet, peut-être trop d’ailleurs, en me privant de certains produits qui m’ont beaucoup manqué comme la mayonnaise… (ne me demande pas pourquoi). Mais siiiiii tu saiiiiiis « la vraie ».
A de nombreux moments, il y a eu les petites plaisanteries sournoises des amis qui voyaient dans ma démarche « une nouvelle lubie écolo-bobo », les proches qui pensaient que c’était l’affaire de deux mois et que d’ici là j’aurais abandonné pour « revenir à la réalité », les intrigués qui pensaient que « j’exagérais » lorsque je refusais un ticket de caisse ou un sac dans un magasin… que j’étais trop « extrême ».
Le Zéro Déchet c’est finalement une discipline qui m’a aussi appris à trouver des solutions autres, celles que je n’aurais jamais découvertes sans rencontres, ou encore qui m’ont renvoyée à la simplicité de vie de mes grands-parents, une sorte de système D d’il y a plus de 50 ans, avant que la société ne soit imbibée de plastique. On faisait pourtant tout aussi bien, sans plastique…
Le truc, ça a juste été de m’imposer la discipline de ne pas dire à chaque petite embûche : « Hof… bah… tant pis pour ce produit, je vais l’acheter emballé quand même et puis bon, si pour les déchets y’a juste lui… Ah… ‘pis tiens je vais quand même ajouter lui aussi. ‘Pis l’autre. »
C’est justement grâce à mon petit côté « extrême » qu’aujourd’hui je suis capable de faire la plupart de mes cosmétiques moi-même et que je réussis même à faire mes courses sans générer aucun déchet, juste en prenant avec moi mes propres contenants et je dois dire que je n’en suis pas peu fière…
J’ai bien toujours ma jolie petite poubelle vintage en métal, sauf que je l’ai mise au régime et qu’elle ne contient désormais qu’à peu près uniquement du verre : les bouteilles de bière et de vin que les copains rapportent à l’occasion des petites bouffes sympathiques. En gros, après un an de zéro déchet, je produis l’équivalent d’un demi sac d’épicerie de déchets par trimestre et d’un sac de déchets recyclables tous les deux mois.
« Tu calcules ton recyclage ? Ben voyons, ce n’est pas grave le recyclage ! » Faux. Je vous invite à vous informer sur l’état de notre système de recyclage. C’est… disons… bien plus que moyen… En 2012, la France revalorisait moins de la moitié de son recyclage et exportait le reste… et les statistiques ne vont pas en s’améliorant, bien au contraire. Alors après… Oui Roger, c’est clair qu’un sac de recyclage ça vaut mieux qu’un sac de bons vieux détritus, mais non, ce n’est pas une solution. D’une manière générale je dirais même que c’est une façon pour les gens de se faire croire qu’ils sont « VERTS ». Ôtons-nous des esprits cette idée selon laquelle recycler revient à être écolo car le recyclage n’est qu’un début, pas une fin en soi et ça n’est pas ça qui sauvera notre jolie planète à l’heure où il faudrait pourtant sacrément se secouer ! Mais je ne m’étendrais pas sur le sujet, je vous invite à lire l’article du canadien Carl Marchand qui explique bien mieux que moi ce sujet pour mieux comprendre.
Ce que j’aime le plus depuis que je me suis mise au Zéro Déchet je crois que ce sont les questions des gens lorsque j’explique mon mode de vie. J’aime bien voir passer dans leur yeux ce sentiment de frayeur et de stupeur : « Mais tu fais quoi à l’épicerie ? Et tes cosmétiques ? Ouais ok mais pour ton déodorant ? Le dentifrice ça ne se fabrique pas hein… si ?! Bah oui mais tu fais quoi pour les tampons et les serviettes ? Mais euh tu dois perdre telleeeeeement de temps à te prendre la tête ! Attends mais c’est le Moyen-âge ta vie en fait non ?! ».
Je dois avouer que ça me fait toujours plaisir de voir la curiosité que je déclenche et quelque part, je l’avoue, ça me rassure sur le genre humain ! Du coup je me suis dit que compte tenu des interrogations que je suscitais, ce serait cool, en cette merveilleuse date anniversaire du bilan de mes Un an de vie Zéro Déchet de répondre à ces questions qui reviennent souvent.
- Ma nourriture
J’achète (pratiquement) tout en vrac. Pour les produits secs, j’apporte des sacs en tissus, pour les produits liquides, des bocaux genre le Parfait ou des pots à confiture type Bonne Maman. Lorsque j’ai un peu de temps, je vais faire le marché, sinon je suis « abonnée » à La Ruche qui dit Oui, j’ai juste à aller récupérer mon panier de légumes Bio une fois par semaine sur un point de collecte. Ça arrive directement de la ferme, c’est frais, et surtout le producteur est rémunéré à sa juste valeur.
- Mes cosmétiques
J’achète en vrac les savons, les shampoings solides, et tout ce qui est hydrolat, huiles essentielles ou végétales. Pour le reste je confectionne tout : la crème de jour, le déodorant, le dentifrice, … tout ! Je dois dire qu’au final, j’aime l’idée de me dire que j’aurais ma crème hydratante faite sur mesure, qui conviendra à mes besoins, pareil pour mon déodorant qui en plus est éthique, mon dentifrice juste mentholé comme je veux moi etc etc. Pour le maquillage je continue encore de terminer tout ce que j’avais accumulé ces derniers temps mais il existe des marques qui proposent des versions rechargeables de leur produits, ce qui permet de rester dans une dynamique de Zéro déchet. Ah oui tiens ! j’ai opté pour une brosse à dent en bois qui est compostable aussi, en plus dans la salle de bain c’est visuellement bien plus joli qu’avant de se débarrasser de tout ce marketing.
- Mes produits ménagers
J’achète toute la base en vrac et je me fais tout moi-même : du liquide vaisselle au savon liquide pour les mains en passant par la lessive et l’adoucissant… Tout ! Même le produit pour les vitres ou encore celui pour récurer les canalisations. Le Zéro Déchet m’a filé le virus de la passion « Bicarbonate de soude/Vinaigre blanc/Savon de Marseille/Huile essentielle » ça et les citrons Bio, ça fait battre mon petit palpitant. Oui, il en faut peu.
- Mes vêtements
J’ai la chance d’être une addict des basiques hypra classiques qu’on accessoirise. Donc, au final, les pièces à remplacer sont généralement peu nombreuses : un jean de temps en temps qui commence à être limé jusqu’à la corde, des chaussures quand les miennes sont bonnes à envoyer à La Fibre du Tri pour les recycler et fabriquer avec des isolants… Je me permets toujours quelques craquages mais j’essaye davantage de prioriser le local ou le Made in France #CoucouArmorLux. Du coup j’achète moins, mais j’achète des trucs de qualité, des pièces qui valent leur prix et qui sont produites par d’autres individus que des enfants de 4 ans entassés dans des caves insalubres des pays du Tiers-Monde. Sinon, les friperies me mettent en joie, j’aime l’idée de porter des pièces qui ont une histoire, je me sens un peu comme Amélie Poulain… et puis j’échange, je vends, j’achète énormément sur Vinted qui est une application merveilleuse que je recommande à 300%.
- A l’Université
Pour la fac, j’avoue que la tâche est plus ardue. J’ai besoin de crayonner, de faire des brouillons, des fiches de fiches, d’imprimer mes cours et de les classer, de caler çà et là des millions de post-it… Je fais de mon mieux mais en période de partiels je me retrouve bien souvent avec des tas de feuilles griffonnées, noires d’inscriptions et de flèches qui partent dans tous les sens, je ne compte plus le nombre de cahiers de brouillons accumulés depuis le début de l’année. Une chance : je griffonne au porte-mine, ça se recharge, je jette donc peu de stylos-billes. Sinon le midi j’ai pris l’habitude de trimbaler mes Lunchbox, ma gourde, mon thermos un peu partout et je ne m’en porte pas plus mal, surtout lorsque les copains déjeunent au RU des kilos de pâtes fadasses qui baignent dans du beurre et que moi je savoure mes petits curry veggie Bio…
- Les déchets que je génère toujours
Il y a des emballages dont je ne parviens pas à me passer comme celui du beurre. L’huile d’olive c’est cool mais à 8h00 sur la tartine du ptit-dej’ je dois dire que c’est moins folichon… Ou encore cette fameuse feuille d’alu qui entoure la tablette de chocolat. Pour le fromage, mon alternative c’est un petit producteur bio du marché des Lices à Rennes qui accepte les tupperware et qui me déduit même du prix final l’emballage qu’il ne me met pas, tout le monde est gagnant et ça c’est plutôt chouette ! Sinon je garde toujours en tête l’image de mes ampoules qui ont grillé les unes après les autres cette année et qui ont généré des déchets… Ça fait partie des impondérables déchets.
Ah ! Puis, il y a le lait : j’en bois peu mais il m’arrive d’en acheter régulièrement pour faire des yaourt- maison. Le truc c’est que ce sont des briques Tetrapack… J’ai l’impression d’entendre cette craie désagréable crisser sur la tableau de la salle de classe à chaque fois que j’en ouvre une : un tetrapack c’est une couche d’alu, une de carton, une d’encre et une de cire plastifiée, encore ce plastique donc ça reste du déchet. C’est vrai que pour ça, le mythe British des Milkmen me fait rêver : des bouteilles en verre, réutilisables et lavées en consigne…
- Ces saletés d’embûches
Quand j’ai commencé cette démarche, j’ai vite dû affronter des problèmes bien plus complexes que juste de trouver une recette de déodorant. Le premier c’était, je crois, la frustration de voir tous mes efforts ensevelis sous les quantités incroyables de déchets que la société produit et d’y être confrontée littéralement tous les jours. Là où j’ai vraiment réalisé cela, c’est en meublant mon appart d’étudiante je crois, le nombre incalculable, d’ustensiles de cuisine en plastique présents dans les grandes surfaces me rendait dingue.
J’ai fait en sorte de récupérer le maximum de trucs autour de moi, du petit électroménager dans ma famille (#BigUp à ma grand-mère pour sa yaourtière vintage de compet’ de la marque Seb qui a plus de 50 ans et qui est toujours comme neuve), de l’ameublement où j’ai surtout misé sur des trucs Emmaüs que j’ai retapé/repeint moi-même ensuite, et le peu que j’ai acheté, j’y ai mis le prix mais dans du durable et du local, dans des matériaux nobles : du verre, du bois, du tissus… Du durable quoi !
D’ailleurs en fait, une fois que l’on plonge dans le monde du Zéro Déchet, notre perception de ce qu’est un « déchet » change. Pour vous, une paille est un outil pour boire votre cocktail, pour moi, c’est un déchet, il en existe en inox que l’on ne jette pas. Pour vous, un gobelet de café vous procure ce merveilleux liquide chaud qui vous réconforte par ce froid hivernal, pour moi, c’est un déchet, pourquoi ne pas utiliser un thermos ou une gourde, que l’on ne jettera pas… Pour vous, un essuie-tout est le sauveur d’un dégât, pour moi, c’est un déchet, surtout lorsque l’on possède déjà ce merveilleux et bon vieux torchon… En gros tout est une question de perception, de transition vers la simplicité, le retour à ce qui est « sain ».
- Les bienfaits du Zéro Déchet
En plus des effets positifs sur mon portefeuille et sur notre environnement, j’ai découvert d’autres avantages au mode de vie Zéro Déchet:
- Comme ça me force à acheter pratiquement tous mes ingrédients de base, je vois exactement ce que je laisse entrer chez moi. Dehors indésirables du genre : produits chimiques, sucres ajoutés, gras et sel à outrance.
- Revenir aux ingrédients de base et aux recettes de grands-mères c’est vraiment magique. Ça nous rappelle qu’avant, on utilisait d’autres moyens très simples afin de subvenir à nos besoins quotidiens.
- C’est tellement plus simple ! Moins d’objets, moins de magasinage, moins de ménage, moins de gestion… Mais ça, il faut le vivre pour le comprendre !
- J’ai fait énormément de rencontres avec des acteurs locaux qui comme moi, empruntent cette voie écolo, qui s’interrogent et qui construisent des projets durables. Du coup j’ai appris plein de choses au contact de personnes que je n’aurai pas forcément rencontrées autrement comme des producteurs.
- Mais le plus important dans tout ça, c’est que depuis le début de ma démarche, je me sens cohérente avec moi-même ! Je suis en phase avec mes valeurs, ma façon de percevoir le monde et ce qui est important pour moi. Inutile de vous dire qu’il n’est pas question pour moi de revenir en arrière sur cette façon de vivre.
- J’ai l’impression de participer à changer le monde, à mon maigre niveau, de ne pas être « inutile », susciter des réflexions sur mon mode de vie c’est déjà un début : avec plein de gouttes d’eau on crée des torrents.
- Pour moi, chaque achat que je fais, c’est comme un vote pour plus d’éthique, de consommation durable et responsable, c’est imposer un nouveau mode de consommation où le Bio a par exemple beaucoup plus sa place que les produits de l’agriculture intensive, le fait maison a beaucoup plus de sens que les sur-emballés des multinationales, c’est prioriser les commerces locaux de proximité à la société de consommation impersonnelle de grande-surface. En fait se mettre au Zéro-Déchet c’est faire le pari viable d’un véritable retour à la citoyenneté.
Allez, avoue que je t’ai donné envie de t’y mettre avec ma sublime petite yaourtière rétro Seb !